Billet : le pétard mouillé de la presse islamiste algérienne
Le journal arabophone Ech-Chourouk, qui n’hésite pas à nourrir la médiocrité et à faire son beurre sur le sensationnel, a tenté, dans son édition du 27/12, de manipuler l’opinion en balançant une information annonçant des restrictions prévues par les services de l'Etat durant la soirée du réveillon.
Cette feuille de choux, dont les ventes progressent sans cesse à la faveur de l’intégrisme rampant qui ronge la société, affirme qu'une circulaire du ministère de l'Intérieur instaure la fermeture des bars, restos, boites de nuits, à 20h tapante le 31 décembre et l’interdiction de la voie publique aux fêtards, jusqu'au lendemain.
Et de ne pas hésiter aussi à semer la terreur dans l’opinion : «ces mesures visent à éviter des saccages de biens publics et privés et pour éviter l’anarchie qui pourrait causer des dérapages (…) cette instruction, première en Algérie, a été dictée suite aux nombreuses affaires de criminalités enregistrées l’année dernière durant les célébrations du nouvel an», glisse sournoisement Ech-Chourouk dans son article.
«Erroné, grotesque et mensonger ! » a rétorqué un communiqué du ministère de l’Intérieur, qui a aussitôt remis les pendules à l’heure, assurant l’opinion «qu’aucune mesure n’a été dictée en vue de restreindre une quelconque activité » et que les services de sécurité «sont mobilisés en vue d’assurer la sécurité et la quiétude des citoyens, au quotidien et à toute occasion ». Voilà qui est dit, clairement et sans ambiguïté.
Dans la presse, les commentaires ne manquent pas de pertinence, qui mettent l'accent sur l'hypocrisie de cette attitude que tente de faire partager Ech-Chourouk. Mustapha Hamouche y consacre sa chronique dans le journal Liberté du 29/12. «La corruption, la rapine, le vol, la contrebande ne se portent pas sur soi comme l’odeur de la bière et n’ont pas besoin de boutiques ayant pignon sur rue pour être pratiqués (…) Alors, au moment où le joint se fume dans les écoles primaires, on montre encore du doigt un commerce déjà, et heureusement, sévèrement réglementé et qui ne concerne que les adultes ! », écrit-t-il.
Ech-Chourouk, canard engraissé sur le terreau de l’intégrisme et de la régression, aurait donc inventé une instruction du ministère algérien de l’Intérieur instaurant une sorte de couvre-feu le 31 décembre 2010. Nul n’est dupe, l’idée n’a sûrement pas surgi d’un coup dans sa salle de rédaction. La ficelle est trop grosse qui sent la manipulation soigneusement orchestrée dans les sphères des magouilles politico-médiatiques et suggérée via les officines de l’Administration. Mais ce ne fut, heureusement, qu'un pétard mouillé.