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Le chardonneret, oiseau préféré des Algériens, traqué par les contrebandiers

Le chardonneretEn Algérie, la demande pour des animaux exotiques serait en forte hausse. « Cochons d'Inde, souris blanches, écureuils et poissons, dont le célèbre piranha, se retrouvent dans de nombreux foyers algériens. On trouve même des fennecs, ce petit renard qui vit dans le Sahara », rapporte Mohand Ouali pour Magharebia.com.

Mais c’est en fait un oiseau local qui reste le préféré. Le chardonneret fait des ravages dans le cœur des Algériens. «  avec ses riches couleurs, son chant agréable et son plumage flamboyant, il se retrouve dans de nombreux foyers algériens ».

Mohand Ouali raconte que ces gazouillis se répandent de presque tous les balcons d’Alger la Blanche. D’ailleurs, « Il n'est pas rare de rencontrer un jeune promener son chardonneret pour lui donner un bain de soleil et, bien sûr, frimer devant les copains ».

Employé dans une agence publicitaire, Rabah Amarou lui confie qu’il élève aujourd’hui une quinzaine d’individus et qu’il lui est même arrivé d’en posséder beaucoup plus. N’étaient les protestations de sa femme pour les tâches de nettoyage, il n’aurait pas hésité à agrandir la réserve.

Mais encore faut-il avoir les moyens de nourrir tout ce petit monde. « Il faut consacrer un petit budget à l’achat des graines, des vitamines, des cages, etc. Un kilo de millet, dont raffolent les chardonnerets, revient à 100 dinars, une modeste cage à 500 dinars », indique l’éleveur.

Dès lors, « comme beaucoup d’autres, Rabah a trouvé l’astuce : la revente », explique le reporter.

"J’achète un jeune chardonneret pour 200 ou 300 dinars et après l’avoir "éduqué" quelques mois, je peux le revendre et en tirer un bon prix, 3 000 dinars ou plus si c’est un bon chanteur", précise son interlocuteur.

Négociants et amoureux des oiseaux se retrouvent ainsi au célèbre marché d’El Harrach, à l’est d’Alger.

"J’y vais tous les week-end avec un ami. Je m’y rends de bonne heure, car après il y a trop de monde et ça rend la recherche fastidieuse", confie Hakim, un habitué. "Ce qui m’intéresse d’abord ce sont les chardonnerets, mais j’achète aussi des canaris."

Le reporter de Magharebia met surtout le doigt sur le trafic de contrebande dont font l’objet les chardonnerets.

« De l’autre côté de la Méditerranée, les passionnés ne manquent également pas et sont prêts à débourser de grosses sommes pour acquérir cet oiseau », révèle-t-il.

Aussi, les trafiquants s'y intéressent-ils également, « mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le chant et les couleurs. Ils y voient une source de profit ».

Et de citer un agronome forestier, enseignant à l’Institut National d’Agronomie qui dénonce ce trafic. "C’est de notoriété publique, en plus du marché local, ce sont surtout les marchés européens, et plus particulièrement l’Espagne et la France, que les contrebandiers alimentent. La filière est bien rodée et passe généralement par le Maroc. C’est un véritable massacre qui est organisé. Sur une centaine d'oiseaux capturés, seuls trois survivent."

Le chardonneret Les interpellations de contrebandiers a ainsi permis à des milliers de chardonnerets que l’on tentait d’acheminer en Europe de retrouver la liberté.

« En 2007, les employés de la Conservation des forêts ont relâché 200 oiseaux à Tlemcen, 600 à Meghnia et 400 à Ain Temouchent. Près d'un millier ont été libérés à El Amria. Des chiffres qui illustrent l'importance de ce trafic. Sur les 386 espèces d’oiseaux recensées en Algérie, 108 sont protégées. L'une de ces espèces en danger est le chardonneret européen (Carduelis) », conclut le reporter de Magharebia.com.

Et l'on a envie de crier "ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux !"

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