Un camp d'entraînement dans une station balnéaire... (DR)

En Israël, les touristes peuvent « tuer » pour s’amuser

Fini le temps des clichés du touriste : celui qui chapeau sur la tête, bronze sur un transat’ au bord de la plage sirotant un cocktail bien frais dans les mains. Israël propose à ses visiteurs des vacances assez particuliers. Explications. 

« Pour être le meilleur, viens t’entraîner avec les meilleurs ». Le ton est posé. C’est le slogan du plus populaire des camps militaires israéliens, Caliber 3. Situé au sud de Jérusalem, en Cisjordanie. Il accueillerait chaque année quelques 25.000 amateurs de sensations fortes. Son but ? Apprendre aux curieux à utiliser une arme, à organiser un plan de défense et à empêcher une attaque terroriste. 

Créée en 2003, le camp est aujourd’hui géré par des anciens soldats de l’armée israélienne. Les visiteurs viennent passer du temps parfois seuls, parfois en famille dans la célèbre base.

Comment empêcher un kamikaze d’activer sa ceinture ? Comment éviter une attaque au couteau ? Toutes les astuces sont données aux néo-militaires pour combattre les terroristes. Une véritable simulation où absolument rien n’est laissé au hasard. Le décor est celui d’une ville en guerre menacée par des extrémistes. Tout est fait pour que le touriste puisse se sentir en danger.

D’après le site d’information « StepFeed », les vacanciers sont autorisés à utiliser des armes réelles et sont encouragés à tirer quelques balles sur leurs « attaquants ». Ces derniers apparaissent sur des cibles en carton et sont déguisés en Palestiniens. Keffieh rouge sur la tête, teint métissé et en prime une grosse moustache noire. Les estivants se glissent dans la peau d’un soldat israélien le temps du combat. Les deux heures d’entraînement sont facturées 115 dollars pour un adulte et 85 pour un enfant.

Un témoignage recueilli par Le monde permet de comprendre à quel point cela est pris au sérieux : « Michel Braun, 40 ans, est venu de Miami avec ses enfants : "Cela fait partie de leur éducation, (…) afin qu'ils sachent d'où ils viennent, et bien sûr avoir un peu d'action." Brian, un adolescent de 14 ans, un faux pistolet à la main, s'entend dire par le guide : "Ta maman ne sera pas là pour te protéger, donc conduis-toi comme un homme. Es-tu prêt à attraper un terroriste ?" "Oui, je suis prêt", rétorque Brian. »

Sur la page de Caliber 3, de nombreux vacanciers ont tenu à apporter leur témoignage. On peut y lire par exemple « C’est une expérience amusante et intéressante (…) C'est une chance unique de voir à quoi ressemblent les efforts antiterroristes israéliens et combien ils visent à minimiser les pertes. »

À la fin de leur journée, ces soldats d’un jour obtiennent une attestation qu'ils ont "complété un cours de tir dans une base en Israël". 

Ce genre de tourisme est pourtant loin de faire l’unanimité. Le quotidien israélien Haaretz décrit ces camps d’entrainement comme des outils à propagande. Le Times d’Israël les qualifie de « tourisme sioniste extrême ». Une qualification pas contredite par le camp. Comme le rapporte Le monde, sur le site internet de Caliber 3 affirme que les touristes de la base militaire «  combinent les valeurs du sionisme avec l'excitation et la jouissance du tir, qui rend l'activité plus significative. »