Famine à Gaza : les États-Unis annoncent un plan humanitaire excluant Israël, après des mois de blocus meurtrier
Par N.TPublié le
Alors que la bande de Gaza sombre dans une catastrophe humanitaire sans précédent, les États-Unis ont dévoilé, vendredi, un plan d’aide excluant toute participation israélienne dans l’acheminement et la distribution. Une annonce saluée avec un soutien soudain et « plein » par Tel Aviv, après des mois de recours sans retenue à l’arme de la famine pour asphyxier une population déjà sous le feu de bombardements intensifs et continus.
Le gouvernement israélien, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, a affirmé dimanche « soutenir pleinement » l’initiative américaine. Une volte-face qui sonne comme une tentative de se dédouaner d’une stratégie délibérée d’organisation de la famine, dénoncée par l’ONU, les ONG et plusieurs gouvernements, dont la France.
« Les Palestiniens à Gaza sont affamés, assoiffés. La bande de Gaza est aujourd’hui au bord du chaos », a déclaré Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, sur franceinfo. Des mots forts, mais qui viennent un peu tard et peinent encore à traduire l’horreur vécue par 2,4 millions de civils, pris au piège d’une guerre totale.
Selon un rapport alarmant de l’ONU et d’ONG, 470 000 personnes – 22 % de la population – seront en situation de famine « catastrophique » d’ici septembre, tandis que la totalité des habitants souffrira d’insécurité alimentaire aiguë. Les réserves sont épuisées, les hôpitaux s’effondrent, et les rares convois autorisés ne suffisent plus à endiguer la crise.
Un plan américain sous pression internationale
L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, a précisé que ce mécanisme d’aide, piloté par des ONG et des gouvernements partenaires, contournerait l’appareil onusien tout en excluant Israël des opérations logistiques. « Les Israéliens assureront seulement la sécurité militaire, mais n’interviendront ni dans l’acheminement ni dans la distribution », a-t-il insisté.
Une décision qui semble répondre aux critiques croissantes contre le blocus israélien, qui constitue un crime de guerre de grande ampleur. Les États-Unis, longtemps silencieux, ont-ils finalement cédé à la pression ? La visite imminente de Donald Trump en Arabie Saoudite, où il rencontrera le prince héritier Mohammed ben Salmane, laisse supposer des calculs géopolitiques plus larges.
Un tournant inattendu ?
L’annonce de ce plan humanitaire survient alors qu’Israël persiste dans ses objectifs militaires dévastateurs. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite, a réaffirmé le 6 mai que Gaza serait « totalement détruite ». Pourtant, le timing interroge : Washington envoie-t-il un signal à Tel Aviv, lui rappelant que son soutien inconditionnel a des limites face à l’indignation mondiale ?
La « fondation » américaine, bien que tardive, pourrait marquer un infléchissement. Mais pour les Gazaouis, chaque heure compte. « Nos stocks sont critiques. Nous tenons encore une à deux semaines, maximum », alerte Hicham Mhanna, porte-parole du CICR à Gaza.
Alors que l’ONU exige une « levée immédiate des blocus », la communauté internationale observe si ce plan sera suffisant – ou simplement un écran de fumée pour calmer les consciences, avant de nouvelles escalades. Une chose est sûre : les habitants de Gaza, qui ont survécu aux bombes, luttent désormais contre une famine méthodiquement organisée. Et personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.