La jambe d'un supporter ultra de Montpellier blessé à Cannes, en Coupe de France.

Coupe de France : les ultras de Montpellier en ont encore pris plein les cannes !

Après Casti, Olympiakos, Rodez, voici Cannes ! Les supporters de Montpellier ont encore dû subir des charges policières mardi soir et deux d'entre-eux ont été condamnés à 6 mois de prison ferme ! Tout aurait pu être évité avec plus de communication, pour le responsable sécurité du MHSC.

Un peu plus d'un mois après les incidents survenus entre CRS et supporters montpelliérains au stade de Rodez, en Coupe de France, bis repetita !

La situation a une fois de plus dégénéré, mardi soir à Cannes, au cours d'un 16ème de finale perdu par le MHSC face au club amateur. Au motif, selon la police que les supporters de Montpellier auraient « cherché à entrer sur le terrain », ce qui a eu comme effet d'envoyer deux supporters en prison avec 6 mois ferme, comme l'explique Europe 1 avec l'AFP.

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Photo des échauffourées publiée sur la page Facebook Tribune populaire. (DR)

Pour Patrick Daudou, le responsable sécurité du MHSC, la réalité est plus complexe. Interrogé par Médiaterranée, il explique que tout résulte d'un gros « problème de communication », entre tous les protagonistes de cette confrontation : du club de Cannes, peu habitué aux us et coutumes des supporters ultras, jusqu'à ces derniers, en passant par les forces de l'ordre :

« Habituellement, dans les stades, il y a un accès possible pour pouvoir installer les bâches des supporters. Là, le problème, c'est que cette porte était fermée avec un cadenas. Et le stadier qui était à cet emplacement n'avait pas la clé sur lui... Alors les ultras montpelliérains sont montés sur la grille pour mettre leur bâche, mais les CRS ont pensé que c'était pour envahir le terrain ! Du coup, ils leur ont foncé dessus pour les décrocher de la grille manu militari. Résultat des courses, mauvaise interprétation de part et d'autre : les supporters se sont sentis agressés, alors qu'ils n'avaient dans leur esprit, rien fait de mal, ce qui était vrai d'ailleurs ; et en face, les CRS intervenaient légitimement, parce qu'ils pensaient que les ultras montpelliérains allaient envahir le terrain. Du coup, l'intervention s'est mal passée, ça a dégénéré et ça a été la pagaille... »

En effet, la pagaille était loin d'être finie ! Après que Patrick Daudou ait expliqué aux CRS que les supporters voulaient juste poser leur bâche et que la tribune allait retrouver son calme, ce qui s'est également passé, même si la tension était palpable entre CRS et supporters, tout a à nouveau dégénéré à l'issue du match.

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Une balle de Flash-Ball récupérée par un supporter montpelliérain à Cannes. (DR)

Un quart d'heure après le coup de sifflet final, « les supporters de Montpellier ont compris qu'il y aurait sûrement une ou plusieurs interpellations pour violences sur agents et ont voulu sortir en bloc », explique Patrick Daudou, qui était à ce moment-là en train de rédiger le rapport de la soirée avec les délégués compétents. La suite ressemble à un film de guerre : les forces de l'ordre sont intervenues à coups de gaz, de matraques et de Flash-Ball, alors que cette arme a déjà causé la perte de l’œil du supporter Casti...

« La police doit protéger les gens, souligne Sylvain, le ''capo'' de la Butte Paillade 91. Si on était entré sur la pelouse et qu'on avait attaqué tous les gens comme des bandits, on nous aurait tiré dessus, j'aurais compris, mais ce n'est pas le cas : ce n'est pas dans notre objectif, ce n'est pas notre mentalité, on est juste des supporters qui sont dans le collimateur de l'Etat et, surtout, de la police depuis des années. Et on se fait gazer comme des cochons avec des tirs de Flash-Ball... Le problème c'est que dans le parcage visiteurs, il y avait des enfants aussi ! J'en ai vu un en haut de la tribune qui était tétanisé, qui pleurait, c'est de la folie d'en arriver à des situations pareilles, on vient juste voir un match de foot ! »

Et Sylvain de souligner qu'à La Mosson, il n'y a aucun problème, parce que la police sait se montrer discrète depuis l'affaire Casti, comme à Rennes, où la relation sait être communicante entre supporters et pouvoirs publics :

« A Rennes, on arrive, ils nous serrent la main, ce sont des hauts gradés, ils nous disent ''bonjour monsieur'' et ça se passe très bien ! Quand la police est courtoise et qu'elle n'est pas omniprésente pour être omniprésente, tout se passe très bien ! Mais quand on est considéré comme des terroristes, ça se passe mal... On nous a encore interdit l'accès aux toilettes à Cannes, c'est le responsable de la sécurité du MHSC qui a dû y aller pour leur dire de nous laisser pisser, c'est quand même un truc de fou ! Tout ça, les médias n'en parlent pas, on a juste droit à des articles à charge, du style de Midi Libre qui explique qu'un supporter s'est blessé en tombant d'une tribune alors qu'il a reçu une bombe de désencerclement dans les pieds. »

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Un autre des nombreux supporters blessés sur les 300 visiteurs montpelliérains. (DR)  

Autre grand regret, pour Patrick Daudou, qui pense lui aussi que le monde du football a tout à gagner dans l'ouverture d'une véritable communication entre toutes ses parties, une communication appelée et attendue depuis longtemps, sans réponse, auprès des pouvoirs publics par de nombreuses associations ultras : « Si les supporters étaient venus me voir pour me faire part de ce problème de clé, ce premier incident causé par une incompréhension n'aurait pas eu lieu et les suivants non plus, sans doute... » Un bien mauvais effet domino qui durera jusqu'à quand ?

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