Edito : La France impuissante à se faire entendre dans un vaste cimetière 

Edito : La France impuissante à se faire entendre dans un vaste cimetière 

L’horreur se prolonge sur la bande de Gaza, Israël poursuit sa tuerie de masse, ses bombardements redoublent de puissance dévastatrice, le record macabre des 5000 morts palestiniens et de milliers de blessés est dépassé ; l’État hébreu se félicite même d’avoir mené, durant ces dernières heures, des attaques de « grande ampleur », tandis que l’aide humanitaire parvient avec parcimonie aux Gazaouis dans un dénuement tragique. 

Le président français a fait irruption dans la région en se payant de mots. Emmanuel Macron a parlé de « coalition contre le Hamas », une sortie pour le moins surprenante, aux contours flous et vite reformulée par l’Élysée, tant elle était confuse. Après avoir réaffirmé son soutien à Israël il a eu quelques mots pour les palestiniens. « Rien ne saurait justifier les souffrances » des civils de Gaza a-t-il dit au président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas. On peut ajouter à ces déclarations de bonne intention « la relance du processus politique » souhaitée devant le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Des plans sur la comète.  

Tenu par son approbation « inconditionnelle » de la riposte israélienne au nom du « droit à se défendre »  Macron est resté à l’écart des urgences pour mettre fin à la guerre : un cessez-le-feu immédiat, la levée du siège de Gaza, l’acheminement accéléré de convois humanitaires, l’arrêt de la colonisation et des expéditions criminelles des colons. 

Le chef de l’État peut en fait tout juste se permettre un jeu d’équilibriste à des fins de politique intérieure pour éviter un déchirement dans son pays. La mobilisation croissante contre le sort infligé aux Gazaouis lui impose en effet de nuancer ses propos. D’autant que les médias français, dans leur grande majorité, épaulés par des politiques de son camp et de la droite, se livrent à un tri répugnant des victimes, se complaisent dans un parti pris envers Israël et s’abîment dans des amalgames aux relents racistes.

Qu’a fait entre temps la communauté internationale ? Rien, sinon jeter de l’huile sur le feu, encourager l’escalade. Des chefs d’États occidentaux se sont succédés pour seulement réaffirmer leur soutien à Tel Aviv, et se sont empressés de tourner le dos au massacre, de fermer les yeux sur le nettoyage ethnique en cours. L’occident, berceau proclamé de la Démocratie, se prosterne devant le gouvernement israélien d’extrême-droite. L’Amérique, allié privilégié qui refuse même que les armes se taisent, lui renouvelle son permis de tuer, encore et encore… L’impunité d’Israël est élevée au rang de règle universelle inviolable. 

Et la France, quant à elle, se montre définitivement impuissante à se faire entendre dans ce vaste cimetière.