Gaza : l’humanitaire pris en otage, la coalition israélo-américaine sème le chaos

Gaza : l’humanitaire pris en otage, la coalition israélo-américaine sème le chaos

Asphyxiée par un blocus israélien implacable, Gaza est le théâtre d’une opération de distribution d’aide humanitaire prétendument coordonnée par une mystérieuse entité nommée « Fondation humanitaire de Gaza » (GHF). Mais derrière ce nom faussement neutre se cache une entreprise opaque, soutenue par les États-Unis et Israël, dont le véritable but est de leurrer l'opinion internationale. La distribution de denrées alimentaires vire au chaos et les Gazaouis affamés sont  humiliés.

La mise en scène est bien rodée : des colis parachutés ou distribués dans des zones délimitées, parfois filmées par drones israéliens, offrent à l’opinion publique internationale une image de générosité, un leurre en réalité. Une farce tragique selon l’ONU, qui alerte sur une famine généralisée imminente : 100 % de la population de Gaza est menacée, selon Jens Laerke (OCHA). 

Le Programme alimentaire mondial (PAM), Médecins sans frontières et l’UNRWA dressent un tableau effarant: les Gazaouis meurent de faim pendant que l’aide est militarisée, détournée, et rendue inopérante par ceux-là mêmes qui prétendent la distribuer.

Le feu sur une foule affamée

Sous couvert d’aide, la réalité est plutôt meurtrière. Le 1er juin, à Rafah, l’armée israélienne a ouvert le feu sur une foule affamée à proximité d’un centre de distribution. Bilan : au moins 31 morts et 176 blessés. L’ONU exige une enquête, tandis que Tsahal nie en bloc. Cet épisode rappelle tragiquement le "massacre de la farine" du 29 février, où 110 Gazaouis furent tués sous les tirs israéliens lors d’une précédente distribution. « Ce n’est pas à une armée de gérer des foules affamées » dénonce Pierre Motin, de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.

La GHF, quant à elle, s’impose dans ce vide humanitaire comme l’unique acteur autorisé à intervenir, évinçant les ONG internationales expérimentées, qualifiées de « non fiables » par Israël. Le résultat ? L'anarchie. Les scènes de bousculades, pillages et violences deviennent quotidiennes, tandis que l’aide est distribuée de manière arbitraire, selon des critères politiques. L’Unrwa, principale agence humanitaire pour les réfugiés palestiniens, est blacklistée depuis janvier. « On assiste à une stratégie de disqualification systématique des ONG historiques », confie une responsable humanitaire, citée par France Info.

Détourner l’attention des crimes de guerres

Derrière ce théâtre, l’intention stratégique est limpide : détourner l’attention des crimes de guerre perpétrés par Israël à Gaza et en Cisjordanie. L’annexion rampante des territoires, la poursuite de la colonisation, les bombardements incessants et les déplacements forcés continuent dans l’indifférence générale, pendant que les projecteurs sont braqués sur quelques camions d’aide « charitablement » escortés par des blindés.

Pour les ONG, cette opération est une diversion, un simulacre orchestré pour redorer l’image d’un État mis au ban des consciences. « La GHF foule au pied les principes d’impartialité et d’indépendance », alerte encore Pierre Motin, évoquant son recours à des sociétés militaires privées et sa coordination avec l’armée israélienne.

Et pendant ce temps, l’Europe regarde, consternée, mais inerte. Pas de sanctions, pas de suspension d’accords. Simple indignation feutrée. Quant aux États arabes, ils préfèrent détourner lâchement les yeux, prisonniers d’une impuissance assumée ou d’intérêts diplomatiques contradictoires.

Sur le terrain, il ne reste que la jungle. Gaza est devenu le laboratoire d’un nouvel ordre humanitaire militarisé, où l’accès à la nourriture se gagne au péril de sa vie, et où la compassion est sous-traitée à des entités sans visage, mais bien connectées.