Gaza affamée : Israël arraisonne le Madleen en toute impunité

Gaza affamée : Israël arraisonne le Madleen en toute impunité

L’interception du voilier humanitaire Madleen par l’armée israélienne, dans la nuit du 9 juin, marque une nouvelle étape dans la banalisation de l’impunité israélienne et dans le silence complice des "démocraties" occidentales. 

Parti d’Italie le 1er juin, ce petit navire transportait douze militants pacifistes venus de France, d’Allemagne, du Brésil, de Turquie, de Suède et des Pays-Bas, dont Greta Thunberg et l’eurodéputée LFI Rima Hassan. Sa mission : briser symboliquement le blocus de Gaza et acheminer un peu d’aide humanitaire à une population menacée de famine généralisée. 

Israël affirme que l’interception s’est produite dès l’entrée du Madleen dans ses eaux territoriales. Mais plusieurs élus, militants et observateurs internationaux contestent cette version. Des témoins affirment que l’arraisonnement s’est produit bien au large des côtes, en violation flagrante du droit maritime international. Ce n’est pas la première fois qu’un tel acte est perpétré. Déjà en 2010, la marine israélienne avait attaqué la flottille Mavi Marmara, tuant neuf militants. Rien n’a changé depuis. L’État israélien agit comme si le droit international était une suggestion et non une règle, fort de l’inaction des puissances occidentales et du soutien sans faille de Washington.

L’opacité autour des conditions d’arrestation

Ce qui choque autant que l’interception elle-même, c’est l’opacité qui entoure depuis lors le sort des passagers du Madleen. Où sont-ils ? Dans quelles conditions sont-ils détenus ? Sont-ils déjà interrogés, jugés, expulsés ? Aucune image, aucun témoignage, aucune garantie. Ce silence est glaçant.

Plus glaçant encore est le traitement réservé à cette affaire par le gouvernement français. Le président Emmanuel Macron s’est fendu d’un communiqué réclamant « le retour dans les plus brefs délais » des six ressortissants français à bord. Rien de plus. Aucune condamnation de l’arraisonnement illégal. Aucune protestation formelle. Rien. Le chef de l'Etat français a seulement ajouté une déclaration en faveur du cessez-le-feu et de l'entrée de l'aide humanitaire. Comme une concession à la pression de la rue.

En France, la peur des lobby israéliens

Tout se passe comme si l’Élysée craignait de heurter les puissants relais du gouvernement israélien en France. Comme si dénoncer un acte illégal équivalait à un tabou diplomatique. Comme si la défense du droit international devait, une fois encore, céder devant les intérêts géopolitiques.

Mais la rue, elle, ne se tait pas. À Paris, près de 50 000 personnes se sont rassemblées place de la République, selon La France insoumise. À Marseille, sur le Vieux-Port, des milliers de citoyens se sont mobilisés dans le calme et la dignité pour dénoncer l’interception militaire du voilier. 

Dans les pancartes, les slogans, les discours, un même mot revenait : « complicité ». La frilosité de l’État français ressemble trop à un silence approbateur. On se souvient que ces mêmes autorités n’ont eu aucun mal à condamner sans nuance d’autres États ou mouvements lorsqu’il s’agissait de pointer des violations du droit. Cette indignation à géométrie variable indigne les consciences.

Les moqueries de la presse de droite et d'extrême droite

La couverture médiatique, elle aussi, laisse un goût amer. Sur les chaînes d’information continue, les commentateurs n’ont pas hésité à railler l’initiative du Madleen, qualifiée de « provocation naïve », de « croisière militante inutile » ou encore de « coup de communication ». Les ricanements ont parfois pris le pas sur les faits. Le mépris affiché pour des militants non-violents qui tentaient, à leur échelle, d’apporter un soutien aux Gazaouis, révèle une dérive préoccupante. Une partie du journalisme français, censée informer, semble aujourd’hui se contenter de singer les éléments de langage des chancelleries occidentales.

Ce qui s’est joué dans cette nuit du 9 juin, ce n’est pas seulement l’arrestation d’un petit bateau. C’est un énième chapitre d’un drame mondial : celui de l’indifférence devant l’injustice, de la peur d’appeler un crime par son nom: génocide !

Alors que Gaza meurt sous les yeux du monde, que les ONG parlent de famine généralisée imminente, que les médecins alertent sur la malnutrition des enfants, la communauté internationale détourne les yeux. Et ceux qui tentent d’agir, même symboliquement, sont traités, par des journalistes serviles et des hommes politiques haineux, en fauteurs de trouble.