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Gaza demeure zone interdite aux journalistes : la guerre sans témoins

Dans un communiqué publié le 5 novembre sur le site officiel du ministère des Affaires étrangères, la France « appelle à garantir un accès libre et sécurisé des journalistes internationaux dans la zone de conflit au Proche-Orient » et rappelle que « la protection des journalistes est une obligation du droit international humanitaire ». Un rappel de principe, empreint de diplomatie, qui sonne pourtant creux face à la réalité du terrain. Source : Diplomatie.gouv.fr

Car Israël persiste à interdire l’entrée des journalistes étrangers dans la bande de Gaza, transformée en prison à ciel ouvert et en cimetière de civils. Depuis plus d’un an, les reporters internationaux restent bloqués aux postes-frontières, privés d’accès à la zone de guerre. Seuls quelques correspondants accrédités par Tsahal, sous contrôle militaire total, ont pu y pénétrer, livrant des images soigneusement filtrées. Pendant ce temps, les reporters palestiniens, eux, continuent de témoigner sous les bombes — souvent jusqu’à la mort. Gaza est devenue un territoire sans regards, où la vérité se paie de sa vie.

Silence armé et indignations sans effet

Le gouvernement israélien d’extrême droite, emmené par Benyamin Netanyahou, maintient un huis clos absolu sur la tragédie qu’il orchestre. Les bombardements ont détruit la quasi-totalité des hôpitaux, anéanti les infrastructures vitales, et plongé plus de deux millions de personnes dans une détresse humanitaire sans précédent. Les convois d’aide, sporadiques et insuffisants, peinent à atteindre les survivants, tandis que les épidémies se propagent dans les camps improvisés. Malgré ce chaos, Israël se réserve le droit de « reprendre les opérations » à tout moment, brisant le cessez-le-feu à sa convenance, sous prétexte de sécurité.

Dans ce contexte d’opacité, les appels de Paris et d’autres chancelleries européennes relèvent plus du rituel diplomatique que d’une véritable exigence politique. Les mêmes mots sont répétés, les mêmes condamnations prononcées, sans que rien ne change. L’impunité israélienne, garantie par le soutien indéfectible de Washington et la complicité tacite des États occidentaux, neutralise toute pression internationale. L’Union européenne, divisée et paralysée, préfère encore se réfugier dans la prudence verbale plutôt que d’assumer un rapport de force avec Tel-Aviv.

La France, qui se targue de défendre la liberté de la presse et le respect du droit international, se contente aujourd’hui d’« appeler » à leur application. Mais un appel n’est pas une action. Et tant que Paris, Berlin ou Bruxelles se limiteront à des déclarations sans conséquence, Gaza restera une zone de silence forcé — un lieu où l’on meurt sans témoins.

La guerre d’Israël contre Gaza est aussi une guerre contre le regard, contre la mémoire et contre la vérité. Empêcher les journalistes d’entrer, c’est empêcher le monde de voir. Et dans le vacarme des bombes, ce sont les voix des victimes que l’on étouffe, jour après jour, sous les décombres de la diplomatie.

 

Photo: (DR) 

 

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