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Quand un salon d’armement se fait complice de la guerre à Gaza

L’assignation du Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) du Bourget pour complicité de crime de guerre, crime contre l’humanité et génocide constitue une initiative juridique et morale d’une importance capitale. Déposée le 8 octobre par un collectif d’associations – Avocats pour la justice au Proche-Orient, l’Union juive française pour la paix, Al-Haq, Survie et NIDAL – cette action en justice brise un silence complice et démontre une vigilance citoyenne indispensable. Alors que les crimes se poursuivent à Gaza, il est salutaire que des organisations persistent à traquer les actes de complicité, y compris dans les enceintes feutrées des salons d’exposition, transformant ces lieux de promotion en prétoires potentiels.

Des tentatives pitoyables de dissimulation

Le cœur de l’accusation repose sur un constat accablant : le Salon du Bourget a sciemment offert une tribune et une légitimité à des entreprises israéliennes d’armement dont les produits sont utilisés dans une campagne militaire qualifiée de génocide par les plaignants. Les tentatives pitoyables de dissimulation – ces palissades érigées à la hâte pour cacher les stands israéliennes – n’ont rien changé à la nature profonde de l’événement. Autoriser, promouvoir et faciliter les activités commerciales de ces entreprises revient à participer activement à la machine de guerre. C’est une complicité ouverte et assumée avec un État responsable de crimes massifs et systématiques. Le salon n’est pas un simple lieu d’exposition ; c’est un rouage crucial de l’économie de la mort, un accélérateur de conflits où se négocient les instruments de la destruction. Sans ces plateformes de promotion, les guerres, notamment celle qui ravage Gaza, n’auraient « pas la même intensité », comme le soulignent justement les plaignants.

Sortir de l’imbroglio juridique

Face à cette réalité, le mérite des organisations assignataires est immense. Elles refusent de se laisser piéger par l’imbroglio juridique dans lequel les pouvoirs publics les ont enfermées. Rappelons qu’en juin, la justice avait rejeté leurs requêtes en invoquant un « acte de gouvernement », un argument aussi commode qu’élastique, utilisé tantôt pour restreindre, tantôt pour autoriser, au gré des injonctions politiques contradictoires. Plutôt que de s’y résigner, les associations explorent une voie juridique novatrice, inédite pour un salon d’armement : attaquer non plus sur le terrain administratif, mais sur le fondement du droit des obligations, en arguant que le contrat liant l’organisateur aux exposants est entaché d’illégalité car contraire à l’ordre public. L’article 1162 du code civil devient ainsi une arme contre l’impunité. Cette stratégie, inspirée par l’affaire Lafarge – où une entreprise est poursuivie pour complicité de crimes internationaux –, démontre une créativité juridique audacieuse. C’est en cherchant ainsi toutes les ripostes et tous les arguments que la société civile peut contrer la froide raison d’État qui sert trop souvent de paravent à la complicité.

L'indignation de la société civile

Cette action en justice n’est pas un acte isolé. Elle résonne puissamment avec l’indignation et la résistance d’une large partie de la société civile française, profondément choquée par le massacre à Gaza et par la complaisance active ou passive de son gouvernement. Alors que les dirigeants français naviguent entre silences coupables et soutiens déguisés à Israël, cette assignation est un coup de projecteur cinglant sur les responsabilités locales. Elle rappelle que la complicité n’est pas une abstraction ; elle a une adresse, le Bourget, et des acteurs, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), qui préfère pour l’heure se murer dans un silence éloquent. En traduisant en justice l’organisateur d’un des plus grands salons d’armement au monde, les associations font bien plus qu’un acte symbolique : elles posent un jalon essentiel dans la lutte pour rendre le droit civil plus juste et pour en finir avec l’impunité des acteurs économiques et étatiques dans les crimes internationaux. C’est un message clair : en France aussi, les comptes devront être rendus.

 

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