Israël organise l’asphyxie de l’économie palestinienne

Israël déclare à nouveau la guerre aux Palestiniens, sur le plan commercial cette fois et dans la foulée du plan supercherie de Donald Trump, annoncée le 28 janvier dernier et supposé ramené la paix au Proche-Orient.

 « A partir d’aujourd’hui… l’exportation à l’étranger de produits agricoles palestiniens via le passage d’Allenby ne sera pas autorisée », annonce dimanche 9 février dans un communiqué le Cogat, l’unité du ministère israélien de la Défense qui a l’œil sur les activités civiles dans les Territoires palestiniens. Les autorités Israéliennes prennent prétexte du « boycott palestinien des veaux » il qui aurait  « gravement nui aux éleveurs de bétail israéliens ». Une mesure qui remonte à cinq mois suite à une rupture des accords économiques.

La décision israélienne est un nouveau coup dur pour les exportations palestiniennes. Le point de passage d’Allenby relie la Cisjordanie occupée à la Jordanie fenêtre commerciale vers le reste du monde. Or, le ministre de la Défense israélien Naftali Bennett avait déjà suspendu, la semaine dernière, l’importation de produits agricoles de Cisjordanie en Israël d’où ils étaient réexpédiés vers l’Europe. L’Autorité palestinienne avait alors réagi en restreignant l’entrée de légumes, de fruits, de boissons gazeuses, de jus et d’eau minérale en provenance d’Israël

"C'est un désastre pour les agriculteurs..."

Ces mesures israéliennes participent en fait d’une stratégie d’asphyxie de l’économie palestinienne

Aux yeux des Israéliens, le terrain de représailles est tout trouvé suite au rejet, par les palestiniens, du plan Trump. Près de 80% des exportations palestiniennes leurs sont destinées. L’échange est, de plus, évidement inégal. Selon le ministère palestinien de l’économie, les produits agricoles ont représenté 80,4 millions d’euros en 2018, tandis que les importations de produits israéliens vers les territoires palestiniens ont avoisiné 548 millions d’euros. En 2019, l'autorité palestinienne a exporté l’équivalent de 133 millions d’euros.

« C’est un désastre pour les agriculteurs. Les noix, les dattes, cela représente la grande majorité des exportations palestiniennes – et c’est le moment idéal pour exporter vers les pays arabes, juste quelques mois avant le ramadan. C’est une question de jours maintenant : si les agriculteurs ne peuvent pas exporter, ils vont perdre beaucoup. Et cela représente des millions de shekels (ndlr : des millions d’euros) », dénonce Saeb Bamya, ancien vice-ministre de l'Économie de l'Autorité palestinienne.

L’interdiction Israélienne intervient par ailleurs au moment où Mahmoud Abbas mène une offensive diplomatique pour contrecarrer le plan Trump. Celui-ci promet aux palestiniens un territoire en pointillés truffés de colonies. L’Etat Hébreu, quant à lui, se voit gratifié d’une souveraineté totale sur Jérusalem, y compris Jérusalem-Est occupé.  Le président de l’Autorité palestinienne s’adresse aujourd’hui mardi au le Conseil de sécurité des Nations unies, à New York.

Les dirigeants de l’Union africaine (UA) ont rejeté dimanche 9 février le projet américain, estimant qu’il représente "une énième violation des multiples résolutions" des Nations unies et de l’UA. « Cela m’a rappelé la terrible histoire que nous avons traversée en Afrique du Sud », a déclaré le chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, successeur à la tête de l’organisation du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Le souvenir inévitable de l’apartheid...  

Photo (DR)