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France : Lecornu reconduit, Macron joue sa dernière carte

La scène est inédite, presque surréaliste. Quelques jours seulement après avoir remis sa démission, jugeant les conditions de son action réunies à Matignon, Sébastien Lecornu a été reconduit Premier ministre par Emmanuel Macron. Cet épisode rocambolesque, du jamais-vu sous la Ve République, souligne à la fois la profonde crise politique que traverse la France et la relation unique qui lie le chef de l’État à son dernier fidèle.

Dans un communiqué laconique, l’Élysée a simplement annoncé que le président « a nommé M. Sébastien Lecornu Premier ministre, et l’a chargé de former un gouvernement ». Une décision qui intervient après une semaine de tractations intensives menées par Lecornu lui-même pour tenter de dégager un compromis sur un gouvernement capable de faire adopter un budget dans des délais impératifs. En lui donnant « carte blanche », selon son entourage, Emmanuel Macron semble s’en remettre entièrement à l’homme qui incarne, plus que tout autre, sa dernière carte dans un paysage politique verrouillé. Lecornu apparaît en effet comme le dernier rempart d’un président de plus en plus isolé, celui en qui il a une confiance absolue.

Des ministres déconnectés des ambitions présidentielles

Mais cette reconduction, aussi historique soit-elle, place Sébastien Lecornu dans une position délicate. Il lui faut désormais démontrer qu’il n’est pas seulement le bras d’Emmanuel Macron, un exécutant loyal, mais bien un chef de gouvernement doté d’une vision et d’une autorité propres. Dans sa réaction sur les réseaux sociaux, il a immédiatement posé ses conditions, affirmant agir « par devoir » pour « donner un budget à la France » et « mettre un terme à cette crise politique ». Son message, teinté d’une forme de gravité, détaille un programme exigeant : ouverture des dossiers au débat parlementaire, priorité absolue au rétablissement des comptes publics, et – point crucial – l’engagement des futurs ministres à se « déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027 ». Il promet également une équipe incarnant « le renouvellement et la diversité des compétences ». Autant de marqueurs destinés à forger une légitimité autonome.

La tâche s’annonce herculéenne. La partie est loin d’être gagnée. Avant même l’officialisation de sa nomination, les oppositions affûtaient déjà leurs armes. Les Insoumis ont clairement annoncé qu’ils étaient prêts à censurer le nouveau gouvernement, une intention partagée par le Rassemblement National. Le nouveau Premier ministre devra donc naviguer dans un champ de mines parlementaire, sans majorité claire et face à une hostilité frontale.

Au final, cette nomination en forme de coup de théâtre ne change pas fondamentalement la donne. La France demeure dans l’incertitude la plus totale. Rien n’a véritablement changé depuis la malheureuse dissolution du Parlement qui a précipité le pays dans cette instabilité. Le retour de Sébastien Lecornu à Matignon est un pari audacieux, peut-être désespéré. C’est la dernière tentative d’Emmanuel Macron pour reprendre la main sur une situation échappant à tout contrôle. Le devoir de Sébastien Lecornu est immense ; ses chances de succès, minces. La République entre dans un territoire inconnu.

 

 

 

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