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Marseille : le marché de Noailles, cœur battant des saveurs d’Orient

Au centre de Marseille, le marché de Noailles vibre chaque matin comme un carrefour sensoriel où épices, fruits, herbes fraîches et spécialités venues d’Algérie, du Liban, de Syrie ou de Tunisie composent une mosaïque culinaire unique. Laboratoire vivant de la cuisine orientale, il façonne depuis des décennies l’imaginaire gustatif de la ville

Dans les ruelles pressées qui entourent la rue du Marché-des-Capucins, l’aube révèle un spectacle familier : des étals débordant de coriandre nouée, de menthe encore perlée d’eau, de citrons confits dorés comme des soleils miniatures. Les paniers se remplissent au rythme des appels des vendeurs, de ces mains qui trient les olives noires ou versent en un geste précis le cumin moulu dont le parfum flotte dans l’air.

Noailles n’est pas seulement un marché : c’est un territoire où s’échangent des savoir-faire et des mémoires. Ici, les recettes se transmettent dans les files d’attente. Une acheteuse conseille la meilleure pâte de dattes pour réussir un makrout ; un jeune cuisinier vient chercher le sumac nécessaire à son taboulé revisité. Les commerçants, issus de plusieurs générations d’exil et d’installation, racontent à travers leurs produits des pans entiers de l’histoire méditerranéenne.

Un carrefour de traditions et d’innovations culinaires

Ce qui fait la force de Noailles, c’est sa capacité à mêler tradition et invention. On y trouve autant les ingrédients indispensables au couscous ou à la chorba que des produits plus rares, ramenés par les nouveaux arrivants : mélasse de grenade, tahiné syrien, variétés de piments palestiniens. Les restaurateurs du quartier, comme ceux du centre-ville, viennent y puiser l’inspiration de leurs cartes, faisant du marché un véritable incubateur gastronomique.

Au-delà des marchandises, c’est l’ambiance elle-même qui nourrit cette créativité : les langues qui se croisent — arabe, français, comorien, arménien —, les odeurs qui se superposent, les gestes répétés chaque matin. Noailles agit comme une matrice où se réinvente la cuisine orientale à la manière marseillaise : métissée, généreuse, profondément populaire.

À l’heure où Marseille revendique sa dimension cosmopolite, le marché de Noailles demeure un symbole vivant. Il rappelle que la gastronomie n’est jamais figée mais constamment réinventée par les trajectoires humaines. Ici, chaque ingrédient est un fragment d’exil devenu richesse commune, un pont entre les rives de la Méditerranée.

 

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