Pr Raoult (gauche) et Pr Mandeep R Mehra à droite

Mandeep Mehra, l'hydroxychloroquine...et Gilead

Médecin spécialiste en chirurgie cardiovasculaire et professeur à la prestigieuse Harvard Medical School à Boston, Mandeep R. Mehra est à l’origine de l’étude publiée dans The Lancet le 22 mai 2020.

Ce travail établit, en substance, qu’aucune preuve ne peut être apportée quant aux bénéfices de l’usage de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine chez les patients souffrants de COVID-19. Et souligne que « des essais randomisés urgents sont nécessaires » – le tout dans un contexte hautement problématique puisque l’utilisation aujourd’hui à large échelle de chloroquine ou d’hydroxychloroquine est selon eux associée « à une augmentation des taux de mortalité et des arythmies cardiaques chez les patients hospitalisés atteints de COVID-19 ».

Les auteurs de cette vaste étude observationnelle ont analysé les données de 96032 patients hospitalisés entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020 avec une infection au SRAS-CoV-2 confirmée en laboratoire et ce dans 671 hôpitaux. Tous les patients inclus dans l’étude étaient sortis ou étaient décédés au 21 avril 2020. Les patients atteints de COVID-19 recevaient une combinaison de l’un des quatre schémas thérapeutiques actuellement utilisés à travers le monde. 

Les réactions ne se sont pas fait attendre et celle du ministre de la santé, n'était pas des moindres

Compte tenu du retentissement de cette étude qui alimente la polémique sur l’usage de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine en France, le ministre de la santé Olivier Véran a signalé dans un Tweet, datant du 23 mai, qu’il saisissait le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) sur le sujet. Le ministre a demandé une analyse et des propositions sous 48h pour une révision des règles dérogatoires de prescription de ces molécules à l’hôpital dans le traitement du Covid-19.

Le Pr Mandeep R. Mehra avait-il interêt à publier cette étude ? 



Il se trouve que l’étude qui démolit l’hydroxychloroquine a été pilotée par Mandeep Mehra, qui a donné une interview dans France-Soir. Le quotidien français y précise que l’intéressé a tout de même, début avril, animé une conférence organisée par Gilead (cf.capture). 

L’intéressé indique qu’il n’y aucun conflit d’intérêt dans cette affaire...

Les coïncidences ne s’arrêtent pas là. Selon son parcours renseigné sur Linkedin, le Pr. Mehra dirige le centre de cardiologie de l’hôpital de Brigham à Boston, qui a testé le Remdesivir à grand renfort de publicité. Dr Daniel Kuritzkes, chef des maladies infectieuses au Brigham and Women’s Hospital et collègue du Pr Mandeep Rajinder Mehra, n'a pas manqué de vanter les mérites du traitement proposé par le laboratoire Gilead. 

«Je pense que les données sont très prometteuses. Il est clair que chez les personnes atteintes d’une maladie modérée utilisant le remdesivir, a pu raccourcir la durée d’hospitalisation, ce qui est un grand avantage pour les patients et, espérons-le, a pu empêcher un certain nombre de personnes d’évoluer vers une maladie plus grave. »

Voilà donc un médecin qui travaille main dans la main avec Gilead, qui produit une étude pour dire qu'un traitement, vieux de 70 ans, peu coûteux, est très dangereux pour les malades. Face à ces nombreuses coincidences, on ne peut s'empêcher de penser que des intérêts financiers sont bien réels derrière ce type de publications. Finira-t-on par avoir un jour un dossier scandale de type Médiator/Servier à échelle planétaire ?