Face au génocide, ils prennent la mer : un bateau pour Gaza

Face au génocide, ils prennent la mer : un bateau pour Gaza

Dimanche 1er juin, un voilier nommé Madleen a levé l’ancre du port de Catane, en Sicile, pour prendre la mer en direction de Gaza. À son bord, une cargaison de denrées essentielles, mais surtout une charge symbolique immense : celle de la solidarité civile face à l’inhumanité du blocus imposé à la bande de Gaza et à l’indifférence complice des puissances occidentales. 

Greta Thunberg, la militante écologiste suédoise, et l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan ont embarqué dans ce périple périlleux pour porter la voix d’un peuple sous les bombes et encerclé par la faim.

Ce navire fait partie de la Coalition de la flottille pour la liberté, un mouvement international pacifiste fondé en 2010, né pour briser symboliquement – mais puissamment – le blocus israélien imposé à l’enclave palestinienne. À travers des actions non violentes, il tente de forcer l’attention des opinions publiques mondiales sur ce qui se déroule à Gaza : non pas une « simple guerre » ou un « conflit complexe », mais un processus d’anéantissement d’un peuple, qualifié sans détour par ses passagers de génocide.

Rien pour stopper la machine de mort qui broie Gaza

Les objectifs de cette mission humanitaire sont clairs : acheminer de l’aide, dénoncer l’inacceptable et mobiliser les consciences. « Le seul moyen de garantir le succès de cette mission mais également notre sécurité, c’est la mobilisation citoyenne », a rappelé Rima Hassan. Car aujourd’hui, en 2025, ce sont bien les sociétés civiles qui portent la résistance morale à l’atrocité.

Face à elles, des gouvernements européens qui parlent beaucoup mais agissent peu. Les discours officiels se bornent à évoquer des « préoccupations » ou à « envisager des sanctions » envers Israël, sans jamais passer à l’acte. Ce double langage a pour fonction de leurrer les opinions publiques, de leur donner l’illusion d’une réponse politique, alors qu’en réalité, rien ne freine la machine de mort qui broie Gaza.

Une famine organisée : 2,5 millions de vies menacées

Ce navire, aussi modeste soit-il, transporte des jus de fruit, du lait, du riz, des barres protéinées : des biens de première nécessité. Ces quelques cargaisons offertes par les citoyens de Catane n’ont pas vocation à inverser le cours d’une famine. Elles sont là pour rappeler au monde que 2,5 millions de Gazaouis, soit 100% de la population, sont aujourd’hui menacés par la faim, selon les chiffres des agences humanitaires de l’ONU.

Cette famine n’est pas une conséquence collatérale du conflit. Elle est un outil stratégique dans la guerre menée par le gouvernement israélien. Le blocus, la destruction systématique des terres agricoles, la fermeture des points de passage et la restriction de l’aide humanitaire sont les instruments d’un siège contemporain, pensé pour briser un peuple dans son corps et son esprit.

Le silence des élites, la parole des peuples

Cette flottille solidaire arrive dans un contexte où les tentatives de diversion diplomatique se multiplient. Sous pression interne, l'exécutif israélien, soutenu sans faille par Washington, multiplie les annonces de trêves ou de négociations — en réalité, de faux-semblants diplomatiques. Ces « pauses » ne sont que des manœuvres de communication, visant à calmer une opinion publique israélienne en ébullition, mais qui n’a pas encore basculé dans une remise en cause profonde du pouvoir en place.

Pendant ce temps, sur le terrain, l’annexion militaire de Gaza se poursuit, comme en Cisjordanie, où les colonies s’étendent, les villages sont évacués et les checkpoints prolifèrent. Ce qui est en jeu n’est plus simplement l’existence d’un État palestinien, mais celle des Palestiniens eux-mêmes.

Une convergence des résistances : mer et terre

Ce départ du Madleen s’inscrit dans un moment crucial : la grande marche pour Gaza, organisée à la frontière entre l’Égypte et Israël, doit elle aussi démarrer dans les jours à venir. Ces deux initiatives convergent pour envoyer un message limpide : face au nettoyage ethnique et à la politique de la terre brûlée, la société civile ne restera pas muette.

Ces voix, portées par des activistes, des journalistes, des syndicalistes et des simples citoyens, sont celles qui refusent la résignation. Elles prennent le large quand les chancelleries s’enfoncent dans le silence. Elles brandissent le mot « génocide » quand les médias dominants appellent à la « prudence lexicale ». Elles embarquent du lait et du riz, là où les puissances exportent des bombes et des blindés.

Le Madleen n’est pas un navire de guerre, mais il est un acte de guerre morale. Il rappelle que le droit humanitaire n’est pas une clause facultative, que l’indignation n’est pas un luxe, que la solidarité n’est pas un délit. Et surtout, il martèle une vérité essentielle : Gaza n’est plus seule.

Face à l’impunité, il faut des actions concrètes. Face à la barbarie, il faut des gestes de courage. Cette mission, aussi modeste soit-elle, est un phare dans la nuit. Un appel à multiplier les voix, les actions, les résistances.