ÉDITO. Disons-le haut et fort : Génocide !
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
À la Une du quotidien L’Humanité ce lundi 26 mai : un seul mot, ô combien juste et nécessaire. «Génocide». Ce terme, que tant de médias et de dirigeants occidentaux s’interdisent de prononcer. Cette vérité dérangeante qui suscite encore trop de silence, d’euphémismes, de lâches dénis. Ce qui se passe dans les ruines de Gaza est pourtant bel et bien la réalité d’un anéantissement méthodique, pensé, assumé, d’un peuple tout entier.
Les dirigeants israéliens, eux, ne s’en cachent pas. Il suffit de les écouter. Leurs déclarations ne laissent aucune place au doute : il s’agit bien d’une entreprise d’extermination. Le ministre de la Défense Yoav Gallant parlait dès les premiers jours de « combattre des animaux humains ». Benyamin Netanyahou, lui, invoque Amalek, peuple biblique voué à la destruction totale. Le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu suggère de « bombarder les réserves de nourriture » pour que les Gazaouis « meurent de faim ». Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, exige quant à lui « d’effacer Gaza de la surface de la terre ».
Ces propos reflètent une idéologie d’État. Lorsqu’un député du Likoud affirme en pleine commission parlementaire qu’il ne souhaite pas « soigner chaque enfant et chaque femme gazaouie », lorsque des généraux justifient la famine comme une arme de guerre, lorsque des ministres célèbrent ouvertement la «Nakba de Gaza», comment peut-on encore feindre l’incompréhension, sans être malhonnête, sournoisement complice ?
Les actes sont à la hauteur de cette rhétorique de l’extermination : plus de 53 000 morts, majoritairement des femmes et des enfants, 120 000 blessés, des hôpitaux détruits, des écoles rasées, l’eau et la nourriture bloquées. L'armée cible délibérément les infrastructures vitales et traque les survivants. Elle tue l’avenir même d’un peuple en ciblant ses enfants, ses mères, sa reproduction, son espoir.
En France, le terme « génocide » reste un tabou médiatique. Le journal L’Humanité accuse et le révèle avec force au grand jour. Ce titre restera dans l’histoire, tant il traduit l’épouvantable réalité vécue par les Gazaouis qui se meurent au quotidien. Le décompte est glaçant. Il interpelle la conscience de millions de citoyens à travers le monde, comme en témoignent les manifestations massives dans de nombreuses capitales.
En France encore, on invoque la « mémoire de la Shoah » pour justifier le mutisme, arguant que qualifier Gaza de génocide reviendrait à « banaliser Auschwitz ». Cette hypocrisie-là ne passe plus. La réalité éclate au grand jour. Refuser de nommer un crime revient à en faciliter la répétition. Ce silence s’explique aussi par des raisons moins avouables : la peur du lobby pro-israélien, le poids des milliardaires propriétaires de médias, souvent liés à des intérêts proches du gouvernement israélien, le racisme assumé : aux yeux de certains, la vie d’un Palestinien ne vaut tout simplement pas celle d’un Occidental.
Alors, disons-le haut et fort :
Génocide !