EDITO : crépuscule d’un criminel de guerre aux commandes d’un génocide
À l’ONU, Netanyahou n’a plus que la rhétorique martiale à offrir, isolé par la communauté internationale et fragilisé par le revirement américain.
À New York, devant une Assemblée générale clairsemée où la majorité des délégués avaient pris soin de quitter la salle, Benyamin Netanyahou a offert une nouvelle démonstration de son arrogance et de son isolement. Le premier ministre israélien, coutumier des outrances, a répété les mêmes justifications qu’il serine depuis le 7 octobre 2023 pour couvrir les crimes de guerre commis par son armée à Gaza : écraser le Hamas, libérer les otages, comme si les 64 000 morts palestiniens – dont un tiers de femmes et d’enfants – n’étaient qu’un « dommage collatéral » acceptable. Mais derrière l’enflure oratoire et les accents martiaux, il n’y avait plus que le souffle d’un dirigeant aux abois, un cri de guerre ultime lancé à une opinion publique israélienne qui se détourne de lui, et à une coalition d’extrême droite qu’il ne parvient plus à satisfaire.
Car Netanyahou ne maîtrise plus rien. Ses alliés radicaux, piliers de son gouvernement, exigent l’annexion de la Cisjordanie et la déportation des survivants de Gaza vers des camps, à l’image des pires cauchemars du XXᵉ siècle. Ils s’affichent sans détour comme les héritiers de la logique coloniale et raciale. Or le Premier ministre n’a plus les moyens de répondre à leur folie meurtrière : l’Amérique, son seul véritable bouclier diplomatique, est en train de changer de cap. Donald Trump, que Netanyahou pensait acquis, vient de fermer la porte à l’annexion de la Cisjordanie. Il a même esquissé l’hypothèse d’un accord sur Gaza – négocié sans doute avec ses amis arabes- qui mettrait fin à la guerre et ramènerait les otages. C’est dire si les cartes sont en train d’être rebattues au Proche-Orient.
La posture de défi adoptée à l’ONU ne doit pas tromper : c’est bien d’un aveu de faiblesse qu’il s’agissait. Isolé sur la scène internationale, lâché par une partie de sa propre population qui manifeste massivement à Tel-Aviv, contesté jusque dans son armée, Netanyahou s’arc-boute sur une rhétorique de la peur et du chantage. Il a même fait installer des haut-parleurs à la frontière de Gaza pour diffuser son discours, comme un despote dérisoire parlant à des ruines. Mais cette mise en scène de propagande révèle surtout son impuissance : il ne détient plus les clés de la poursuite du massacre de masse à Gaza..
Le monde entier le voit : Netanyahou n’est plus qu’un chef fatigué, usé, réduit à ressasser les mêmes menaces. Son isolement diplomatique est patent : de plus en plus d’États reconnaissent la Palestine, tandis que les accusations de génocide se multiplient à l’ONU. La France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie – jadis prudents – ont pris leurs distances. Sans l’appui inconditionnel de Washington, Israël ne peut persister dans sa fuite en avant. Et sans guerre totale, le Premier ministre n’a plus de raison d’être aux yeux de son extrême droite. Sa chute n’est plus une hypothèse, elle est en marche.
Le discours de New York n’était pas celui d’un stratège, encore moins celui d’un visionnaire. C’était la voix tremblante d’un criminel de guerre acculé, jetant ses dernières menaces au monde comme on jette une bouteille à la mer. L’histoire est en train de se refermer sur Benyamin Netanyahou. Et elle le fera avec fracas.