Commentaire : « Crimes de guerre à Gaza : l’éditorial du Monde accuse, l’Occident se tait »

Commentaire. Crimes de guerre à Gaza : l’éditorial du Monde accuse, l’Occident se tait 

L’éditorial du Monde du 3 mai 2025 marque un tournant rare dans le paysage médiatique français. Sous le titre «Israël doit renoncer à l’arme de la faim», le journal ose nommer l’indicible : une politique israélienne délibérément meurtrière à Gaza, poussée à un degré de violence systémique qui rappelle les pires heures de l’histoire. Un acharnement hors des limites imaginables. Certes, le mot « génocide » est soigneusement évité, mais il faut reconnaître à ce texte, qui engage un des médias les plus importants de la presse française, le mérite d’avoir trouvé les mots justes pour souligner la responsabilité criminelle d’Israël et le silence complice dont bénéficie cet état qui se vautre dans une impunité arrogante. 

Le discrédit d’une puissance occupante

Le Monde souligne à juste titre l’utilisation de la faim comme arme de guerre, pratique prohibée par le droit international. Priver 2,3 millions de Gazaouis d’eau, de nourriture et de soins sous prétexte de lutte anti-Hamas est une stratégie cruelle, qui révèle la déshumanisation d’un État se revendiquant démocratique. Le blocus de l’information, évoqué par le journal, achève de discréditer Israël : une démocratie ne censure pas les preuves de ses crimes.

L’indifférence coupable

L’éditorial pointe l’apathie de la société israélienne, indifférente aux souffrances infligées en son nom. Ce consentement à la barbarie, couplé aux justifications cyniques des frappes «chirurgicales» (où un ratio de civils tués est jugé « tolérable »), illustre une dérive nationaliste alarmante. Le gouvernement Netanyahou, gangréné par l’extrême droite, instrumentalise le trauma du 7 octobre pour légitimer l’inacceptable.

Le soutien aveugle et les silences complices

Le Monde fustige l’appui inconditionnel des États-Unis, ainsi que l’absence, par principe, de toute critique d’Israël, laquelle est systématiquement assimilée à de l’antisémitisme. Mais il dénonce aussi l’hypocrisie de l’Europe et des pays arabes, dont les Émirats, normalisateurs des accords d’Abraham. La France, qui a, selon le média, timidement rappelé Israël à ses obligations à la CIJ, reste une exception.

Le journal appelle à agir. La « forme aseptisée de barbarie » décrite exige des sanctions : embargos, suspensions d’accords, poursuites judiciaires. Gaza est le miroir de notre échec collectif à faire respecter le droit. En sortant de la langue de bois et d’une attitude timorée, Le Monde rejoint quelque peu, dans son analyse, le quotidien L’Humanité. Il contribue à sauver l’honneur de la presse française dans une période des plus noires de l’Histoire.